Spirit in the walls

L’Abattoir.

Quand on a passé la frontière des petits carreaux qui habillent les grandes fenêtres de ce qui est longtemps passé pour un ’café américain’ aux moeurs légères, quand on a baigné dans la lumière teintée qui passe au travers de ses vitraux usés, qu’on s’est assis à l’une des longues tables en bois de cette taverne pour écouter parler celui qui 30 ans plus tôt faisait le mur pour venir assister à ses premiers concerts, qu’on a laissé son regard voyager d’affiches en photos témoins du passage de tant d’étoiles, quand on a parcouru le livre d’or fabriqué par une amie du lieu, on revient chercher l’Esprit. Plus qu’un lieu emblématique du rock dans la région, l’Abattoir de Lillers est devenu un mythe tant son histoire est riche. Une journée passée dans le ’café-bruin’ le plus au sud des Pays-Bas à la convivialité unique a juste permis d’effleurer 30 ans d’histoire du rock’n roll en région.

L’histoire de l’Abattoir

En 1975, Christian et Marie Legay, toujours propriétaires du lieu aujourd’hui, achètent un bistrot de campagne, qui devait tout au plus contenir un zinc et quelques bouteilles. Ce minuscule troquet se verra transformé en quelques mois : on abat les murs, on donne naissance à une scène, qui était une chambre à l’origine, et l’on ouvre ce nouveau café-concert au public le 1er mai.

L’association ALJ est créée en 89, la même année que sa soeur jumelle ASR (Arts Scéniques Rocks) qui gère aujourd’hui les 4 Ecluses à Dunkerque et qui a d’abord programmé ses concerts au Dyck, café de marins dont les patrons s’étaient inspirés de l’Abattoir pour le style et l’esprit.

En 90 l’Abattoir est parmi les premiers à être labellisé ’Café-Musiques’ par la DRAC (le premier fut feu La Cigale Musclée d’Epernay). Dans la foulée de cette labellisation naît le festival Frog’n’ Roll, toujours d’actualité, mais dont la forme a changé. Le ’rallye des bistrots’ qui était une sorte de mini-tournée des groupes dans Lillers et les environs a donné place à un tremplin dont les gagnants se voient offrir un enregistrement studio.

Sophie Van Neste.